Fidji épisode 2 : 3 jours à Nacereyaga village, au coeur de Vanua Levu

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Fidji épisode 2 : 3 jours à Nacereyaga village, au coeur de Vanua Levu

Pour ceux qui n'ont pas lu l'épisode 1 de notre périple au Fidji : nous venons de passer quelques jours à Nagigi Village près de Savusavu sur l'île de Vanua Levu. Là bas nous avons rencontré Amélia, qui nous a proposé de venir passer le week end dans son village natal.

En route pour Nacereyaga village

- Vendredi 27 mai 2016 - J4 -
À 7 heures précises nous attendons le bus au bord de la route principale avec Amélia et son fils Ismaël de 12 ans. Ici, pas d’horaires précis, d’informations à l’arrêt ou d’application mobile, tout est de l’à peu près. C'est le "Fidji Time", ici on ne se presse pas ! Du coup, on attend 40 minutes pour embarquer dans un bus bondé ; direction Labasa, la plus grosse ville de Vanua Levu. La route pour s’y rendre traverse l’île au coeur des montagnes et des cultures de canne à sucre, les paysages sont beaux. Nous arrivons à Labasa sous une chaleur écrasante. Les garçons gardent les sacs pendant qu’on va faire les courses avec Amélia.
La tradition veut que les visiteurs apportent au chef du village un « Sevusevu », une sorte de cadeau, qui est ici du Kava. Il faut apporter, en général 500 grammes de racines, que l’on trouve au marché pour 25 F$. Au-delà du sevusevu nous voulons offrir d'autres cadeaux pour la famille. On apportera : 12 énormes pains, des conserves de thon, 5 kilos de farine, de l’huile, du beurre et des bonbons pour les enfants. À midi on reprend le bus depuis Labasa pour se rendre dans le village d’Amélie : Nacereyaga village. Nous avons à peine déposé nos sacs par terre que plusieurs personnes viennent nous saluer chaleureusement : la maman d’Amelia, sa tante et trois femmes de notre âge. Ni une ni deux, elles installent une grande natte tressée pour s’asseoir dans l’herbe. Amélia s’arme d’une grande perche pour faire tomber quelques noix de cocos perchés en haut d’un cocotier. Pendant ce temps, la maman prépare des sandwichs frais. Petit à petit, les enfants pointent le bout de leur nez, certains se cachent derrière les feuillages pour nous observer de loin alors que d’autre s’installent à côté de nous et nous scrutent de la tête au pied.

Un petit coin de paradis

Nous voilà arrivés au dans un petit coin de paradis. Il fait un temps magnifique, les gens sont très accueillants et on déjeune au soleil en sirotant de l’eau de coco, que demander de plus ? Le village est beau et très bien entretenu, il est composé de 24 maisons. Le papa d’Amélie est le chef du village. Selon la tradition nous lui offrons le « sevusevu ». Il s’en suit une sorte de cérémonial de bienvenue, où le papa, à travers un texte en fidjien nous souhaite la bienvenue dans son village. Ce rituel est très important si vous entrez dans un village.

Les enfants veulent nous emmener nager dans la rivière, ils sont ravis qu'on accepte. Nous suivons la petite troupe qui marche en file indienne, pieds nus, dans le chemin caillouteux. Nous voilà dans l’eau claire et fraîche de la rivière, au milieu des montagnes et d’une végétation tropicale magnifique. Ici, les filles, oubliez le maillot de bain ! Tout le monde se baigne habillé puis sèche au soleil.

De retour au village, les enfants nous font visiter leur école. La semaine, ils dorment en dortoir à l’école, même si leur maison se situe à deux pas. Cette organisation permet aux instituteurs de donner un rythme aux enfants, des leur apprendre à être autonome et de contrôler le travail. Chaque jour les parents viennent voir les enfants pour leur apporter leur déjeuner et voir si tout va bien. Amelia nous raconte qu'elle aimait bien ce système et qu'à son époque il y avait un internat dédié uniquement aux filles.
Alexis sort son appareil photo, les enfants ont les yeux écarquillés, ils adorent les photos. Ils veulent tous être pris en photo et viennent toujours contrôler le résultat sur l’écran de l’appareil. C’est tout nouveau pour eux. Bénédicte se fait embarquer dans une partie de netball puis on leur fait faire des courses de brouette, des pyramides etc.

Amélia nous raconte que chaque jour après l’école, qui se termine à 15h, tout le monde se retrouve sur le terrain de jeux de l'école pour faire du sport et jouer : les hommes jouent au rugby pendant que les plus jeunes s’entraînent en attendant d’avoir le niveau et la carrure pour jouer avec les adultes. Quant'aux filles, elles jouent au netball. L'après-midi est passé à toute vitesse, notre baignade dans la rivière fera office de douche.

Vivre chez l'habitant aux Fidji

La maison des parents d'Amelia est sommaire : une structure en bois, certains murs extérieurs en taules et d'autres en bois. À l’intérieur trois cloisons, en taule, qui ne montent pas jusqu’au toit permettent de créer trois espaces : un espace salle à manger / chambre, un autre espace chambre et enfin une grande salle commune.
Pour cuisiner, c’est dehors que ça se passe, sous une petite cahute en taules devant la porte d’entrée de la maison. Le bois brûle dès le lever du jour pour faire chauffer l’eau du thé puis faire mijoter les petits plats. Juste à côté, une autre cahute sert de « salle des bain », avec d’un côté les toilettes et de l’autre une « douche » qui s’avère être un énorme baril rempli d’eau. C’est au seau et à l’eau froide qu’on se lave ici ! Ça devient presque une habitude. Vous l'aurez compris il n'y a pas d'eau courante dans la maison et il n'y a aucun appareil électrique. Chaque maison du village est équipée d'un panneau solaire qui permet d'alimenter quelques lumières le soir. Pour recharger son téléphone, il faut aller à pied au village voisin. Ce n'est pas vraiment un problème, car très peu des habitants ont un téléphone.

C’est l’heure du dîner. Tout le monde s’assied par terre en tailleur autour de la nappe posée sur le sol. La maman et la tante d’Amélia servent tour à tour les enfants. Avec Alexis, nous avons un plat dédié plus une carafe, deux petits verres, de jolies assiettes et une serviette en tissu. Le repas commence avec une courte prière. La cuisine fidjienne est composée beaucoup de poissons, de lait de coco, de patates douces, de manioc et de riz. Mais il faut savoir que 40% de la population fidjienne est d’origine indienne, on retrouve donc beaucoup de notes de la cuisine indienne dont les curry.
Dès qu’un enfant a fini son assiette il remercie pour le repas avant de sortir de table. D’autres enfants prennent le relais et c’est reparti pour une tournée ! Nous n’avons pas tout compris, chaque jour il y'avait de nouveaux enfants, mais je crois que c’était un peu particulier avec notre présence. Et comme la famille d’Amélie est très généreuse, ils ont accepté tous les enfants.

Ce soir, le chef a organisé une cérémonie du Kava de bienvenue. Les adultes se retrouvent dans la pièce commune, assis en tailleur autour d’un immense bol en terre cuite. Dedans, Amélie et son oncle préparent la mixture, qui consiste à mettre de la racine de kava réduite en poudre dans un linge, de verser de l’eau sur ce linge puis de presser. La personne qui prépare le Kava est ensuite chargée de servir et de distribuer tout à tour le kava à toutes les personnes présentes. Le premier bol est destiné au chef du village. Celui-ci tape dans ses mains en disant Bula, boit d’un coup le contenu puis tape de nouveau deux, trois ou quatre fois dans ses mains. Le bol est de nouveau rempli et proposé à la personne suivante. Une fois que le tour est terminé, on discute, on raconte des histoires de notre voyage et quinze minutes plus tard on recommence.

Quand on sort l’ordinateur pour montrer quelques photos de notre voyage, les enfants rappliquent à toute vitesse, émerveillés de voir un ordinateur et encore plus les photos de la Nouvelle-Zélande. Ils sont assis en tailleur devant l’écran et s’exclament des waouh, whatch, wiiiiaaa à chaque photo. C’est génial de pouvoir partager notre voyage avec eux.
Une fois la présentation des photos terminée, on leur raconte la vie en France, l’éducation, le travail. On a un peu fait abstraction de la loi travail, des grèves, des inondations, des attaques terroristes, du chômage, il ne faut pas nous en vouloir ! Le chef aimerait en savoir plus sur notre voyage, et pose timidement quelques questions : est-ce l’argent de nos parents ? comment ça se passe pour les Visas ? etc. Sylvia, qui à 32 ans nous écoute avec attention et de notre côté on réalise de plus en plus que les jeunes Fidjiens n’ont pas toutes ces opportunités. Nous avons une chance inouïe d'être nés en France et ce genre de moment nous le rappelle. Les effets du kava, ou la fatigue commencent à se faire sentir, on va se coucher dans l’unique chambre « cloisonnée » de la maison qu’on nous a gentiment laissé. La cloison est seulement une protection visuelle, car la musique, les discussions et la radio qui tournera toute la nuit sont des biens communs !

Monter à cheval aux Fidji, une grande première !

- Samedi 28 mai 2016 - J4 -
Au programme de la matinée : balade à cheval. Nous ne sommes jamais montés à cheval auparavant, ce qui fait rire les enfants. Amélie va chercher son cousin qui sera notre Jockey. Le cheval est près de la rivière, de nouveau on suit une vingtaine d’enfants, qui nous y conduisent et qui veulent tous assister à la scène. Ici, on ne monte pas avec une selle et des étriers, on monte à nu sur le cheval avec une simple couverture. Le cousin d’Amélie est fier de nous balader et se prend au jeu des photos, lui aussi.

On fera chacun un petit tour à cheval avant d’aller se baigner à nouveau dans la rivière. Les enfants commencent à se sentir en confiance avec nous, certains viennent nous prendre pas la main et ne nous lâcheront plus du séjour. Les filles sont assez fascinées par mes cheveux. Ici tout le monde a les cheveux crépus, qui rendent les coiffures compliquées. La majorité des femmes ont du coup les cheveux courts. Les filles me font des nattes, comme pour les "school-girl".

Aux Fidji, les enfants portent tous l'uniforme à l'école et les jeunes filles qui ont les cheveux longs portent des nattes nouées avec des rubans aux couleurs de leur uniforme. Pendant ce temps les garçons nous apportent des noix de cocos séchées, et de la papaye qu’ils sont allés chercher quelques mètres plus loin. Le Bonheur !

On rentre au village pour le déjeuner, puis on sort des nattes et des coussins dehors. Tout le monde se repose à l’ombre des palmiers. On tente de lire nos livres de plongée, mais ce n’est pas évident avec les enfants autour.

Le lovo, repas traditionnel

Vers 16 heures, nous rejoignons les femmes qui ont déjà commencé à préparer le Lovo. Un plat traditionnel qu’ils cuisinent habituellement lors des grandes occasions. Nous sommes touchés qu’ils le préparent pour nous Ca demande beaucoup de préparation. Ce plat est composé d'un mélange de lait de coco, coco râpé, thon, oignons, gingembre et ail qui est disposé dans un pochon réalisé en feuille de Taro. Tous les petits pochons sont ensuite disposés dans des feuilles de bananiers avec des racines de tarot et des patates douces. On pose ensuite le tout dans le four creusé dans la terre puis on recouvre avec des dizaines de feuilles de bananiers pour faire une sorte d'étuve. Des petits groupes se forment, certains râpent l’intérieur de noix de coco séchées pour récupérer la poudre pendant que d’autres épluchent des patates douces. Le chef prépare le feu, car le lovo cuit dans un four creusé dans la terre. Alexis prend des photos, Bénédicte prépare les feuilles de bananiers et Amélia prépare des bouquets de fleurs pour l’église.

Une heure de cuisson plus tard, c’est le moment de déguster. C’est délicieux, mais au bout de quelques minutes Bénédicte commence à sentir des picotements dans sa gorge. Alexis quant’à lui pense faire une allergie. On pose la question aux autres qui rient en nous expliquant que c’est un effet dû aux feuilles de Taro. Apparemment selon les feuilles choisies et la préparation l’effet est plus ou moins fort. Au loin, on entend la chorale qui répète dans l'église pour la messe du dimanche. On nous propose de les rejoindre. Alexis s’installe avec les hommes et Bénédicte avec les femmes et c’est parti pour un moment de chant en fidjien. De retour à la maison, les enfants nous demandent si on peut leur montrer les photos et les vidéos de la journée. D’autres aimeraient revoir les photos de la Nouvelle-Zélande. La salle commune se remplit petit à petit, tout le monde est scotché à l’ordinateur.

Un dimanche à Nacereyaga village

- Dimanche 29 mai 2016 - J4 -

Nous devions repartir ce matin, mais on est tellement bien ici qu’on décide de rester une nuit de plus, pour le plus grand bonheur de la famille d’Amélia. Ce matin baignade dans la rivière puis à 10h c’est l’office. Tout le village se retrouve dans l’église situé au coeur du village. On ne comprend rien, mais on passe un bon moment ! 50 % des Fidjiens sont chrétiens, suivi des hindouistes et des musulmans. Dans le village les gens sont chrétiens méthodistes.

Pour le déjeuner, on sort une grande nappe sur l'herbe et on déjeune avec toute la famille et les voisins. Chacun apporte des choses à manger, on se régale. Après une sieste on part grimper la montagne située juste à côté du village avec Amélia, Méré, Sylvia et Zac. Les enfants sont déçus, ils n'ont pas le droit de venir. Nous voilà partis pour une heure de montée dans la jungle Fidjienne. Amélia grimpe pied nu et les autres en tong, on ne comprend toujours pas comment c'est possible ! Arrivée en haut, le point de vue est magnifique, Zac est fier de nous dire que c'est la première fois qu'ils emmènent des étrangers ici. Méré se sépare de son sulu ( jupe traditionnelle fidjienne ) qu'elle accroche en haut d'un grand mat en bambou. Tous les enfants se mettent alors à crier depuis le village ! On finit la journée par une dernière baignade dans la rivière, un repas thé-pancake et une cérémonie de Kava organisée pour nous dire Aurevoir. Cette cérémonie a été particulièrement émouvante, il y avait une super ambiance. Les femmes ont fait chanter Bénédicte toute seule a cappella, on a bien rit ! On termine la soirée en remerciant chaleureusement toutes les personnes présentent, ces trois jours au coeur de leur village est un des plus beaux moments de notre voyage.
Demain matin nous reprendrons le chemin de Nagigi village.

Mocei
Bénédicte & Alexis

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